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Charles Reznikoff
Comme le disait Emerson, les meilleurs écrivains ont les biographies les plus courtes. Charles Reznikoff (1894-1976) est le fils de Juifs russes qui ont fui les pogroms russes et ont émigré aux États-Unis. Élève précoce, diplômé très jeune, il effectue des études de journalisme et de droit. Puis il travaille un temps comme vendeur de chapeaux dans l’entreprise familiale. Alors qu’il a rejoint le corps de réserve de l’Université de Columbia, il imprime sur sa propre presse un premier recueil,
Rhythms (1918). Par la suite, il va mener une vie des plus régulières et uniformes, où il se contente de travailler comme écrivain, éditeur et traducteur freelance, pour se consacrer à l’écriture et arpenter les rues et les ponts de New York. En 1919, il publie, toujours avec sa presse, un deuxième recueil,
Rhythms (1919). En 1930, il épouse Marie Syrkin, mère d’un garçonnet de trois ans, au moment où Charles Boni publie le roman de Reznikoff,
By the Waters of Manhattan, qui lui vaut un début de reconnaissance. Mais le crack boursier de 1929 a causé la faillite de l’entreprise familiale, et Reznikoff est désormais contraint de trouver un métier. Il est embauché par une maison d’édition juridique, pour laquelle il rédige des résumés de comptes rendus d’audience, expérience déterminante pour son écriture. C’est également à cette période qu’il se lie avec les poètes Louis Zukofsky, George Oppen et Carl Rakosi, les principaux membres de l’Objectivisme. En 1934, l’Objectivist Press publie trois livres de Reznikoff, dont
In Memoriam et Testimony. La mort de sa mère en 1937 va lui inspirer les poèmes de
Ça et là (1941), tandis que Reznikoff est employé comme assistant personnel d’un ami producteur à Hollywood, où il passera près de trois années. Pendant dix-huit ans, malgré une production littéraire importante, Reznikoff ne publie rien, jusqu’à
Inscriptions (1959). En 1965, il donne Testimony: The United States 1885-1890. Reznikoff est désormais un poète reconnu, récompensé par de nombreux prix. Il meurt quelques mois après avoir donné la seconde de ses sommes poétiques,
Holocaust (1975).
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